Si l’année 2022 fut celle du rebond avec une croissance du PIB estimée à 3,5 %, l’économie calédonienne présente en 2023 des signes d’essoufflement dans un contexte de perspectives dégradées.

L’indicateur du climat des affaires (ICA), mesuré par l’IEOM, se replie nettement et repasse sous sa moyenne de longue période. Certains indicateurs témoignent tout de même d’une forme de résilience de l’économie calédonienne. Ainsi, l’emploi privé a continué de progresser, bien qu’à un rythme moins soutenu qu’en 2022, pour atteindre un nouveau plus haut historique en 2023. La tendance à la baisse du salaire moyen, observée en 2022, pourrait cependant indiquer qu’il s’agit de créations d’emplois peu qualifiés. La consommation des ménages s’est à nouveau révélée robuste, même si la dynamique semble s’éroder. Enfin, l’inflation, encore au centre de toutes les préoccupations en début d’année, a rapidement convergé vers des niveaux maîtrisés avec une moyenne annuelle estimée à 1,7 % (contre 3,7 % en 2022). Au final, ce sont les perspectives pour les mois à venir qui expliquent le repli de l’indicateur du climat des affaires.

Le contexte calédonien est en effet caractérisé par de fortes incertitudes. Les situations sectorielles apparaissent aussi très contrastées. Le secteur du nickel est l’objet de toutes les attentions. Dans un contexte de baisse continue des cours sur les marchés internationaux, les actionnaires industriels ont annoncé en fin d’année leur volonté de cesser le financement de leurs usines métallurgiques sur le territoire. Pour rappel, cet environnement international défavorable s’ajoute aux difficultés locales qui ont pénalisé la croissance de la production métallurgique (intempéries et problèmes d’autorisations d’extraction pénalisant l’approvisionnement des usines en minerais, difficultés énergétiques, problèmes sociaux). L’activité du secteur du BTP a stagné à des niveaux particulièrement faibles en 2023 et les perspectives pour les mois à venir sont pessimistes. Le secteur primaire, confronté il y a peu à une pluviométrie exceptionnelle, a dû faire face à des épisodes de sécheresse caractéristiques du phénomène El Niño. Seul le secteur du tourisme a connu une activité en nette progression avec un niveau de fréquentation proche de celui de 2019.

En 2024, le territoire est confronté à des défis majeurs : difficultés inédites du secteur du nickel dans un contexte de baisse des cours et d’intense concurrence des producteurs asiatiques, situation très préoccupante des finances publiques, cristallisation des tensions politiques et institutionnelles…