Introduction de Denis Beau, Premier sous-gouverneur de la Banque de France, au Crypto Finance Forum « Le futur de la France est à votre portée »
Pour lancer notre discussion sur la banque du 21ème siècle, je voudrais faire trois constats et vous proposer un pronostic.
1. Le modèle de la banque universelle, particulièrement fort en France, sous la forme de grands groupes de bancassurance intégrés qui cumulent les fonctions de collecte des dépôts et de distribution du crédit et offrent une large gamme de services financiers, a montré sa robustesse pendant les deux grandes crises traversées depuis le début du siècle. Non seulement notre secteur bancaire a fait preuve de résilience mais dans la crise du Covid, il a aussi été en mesure de répondre aux besoins de financement et de trésorerie des entreprises, et de contribuer très activement au déploiement des mesures de soutien décidées par le Gouvernement et la Banque Centrale Européenne.
2. Le dynamisme des acteurs financiers non bancaires de l’intermédiation financière (sociétés d’assurance, fonds…) depuis la crise financière de 2008. Il s’est traduit par le développement du financement non bancaire, qui a progressé dans la Zone euro à un rythme annuel de 7,5% en moyenne. Depuis 2002, la part des crédits bancaires dans l’endettement de la Zone euro a été divisée par deux et ne représentait plus que 37% de l’endettement de la Zone euro en 2019. De mon point de vue de banquier central chargé de veiller à la stabilité financière et au bon financement de l’économie, cette diversification des sources de financement de l’économie réelle est la bienvenue.
3. L’impact, qui s’annonce différencié, de nouveaux acteurs dans l’écosystème de l’intermédiation financière. Parmi ces nouveaux acteurs, figurent au premier rang les entreprises technologiques. Le modèle de ces entreprises se fonde sur la décomposition des activités de la banque universelle traditionnelle en une série de fonctions essentielles distinctes, telles que l’acheminement des paiements, la fourniture de financements, le partage des risques et la répartition des capitaux. Leur impact sur l’intermédiation financière de ces nouveaux acteurs va très vraisemblablement être différencié selon que l’on considère les start-ups ou les Bigtechs.