La croissance calédonienne : entre essoufflement d’un modèle et ralentissement de la conjoncture
Au cours de la décennie 2000, l’économie calédonienne a connu un régime de croissance soutenu, en lien avec la construction de deux usines métallurgiques sur son territoire et le développement des infrastructures publiques dans un objectif de rééquilibrage et de rattrapage avec la métropole, le niveau de cours du nickel restant historiquement élevé de surcroît.
Depuis 2012, la phase des grands investissements privés est arrivée à terme et les cours du nickel sont déprimés. Le régime de croissance sur la période 2012-2015 est ainsi inférieur à 2 % par an, principalement tiré par la consommation des ménages. Ce ralentissement de la croissance s’accompagne d’une réduction du déficit commercial et des IDE, en lien avec la fin de la construction des usines métallurgiques.
En dépit de l’ampleur de ces chocs, l’économie calédonienne fait preuve, jusqu’à présent, d’une bonne résilience. Toutefois, à horizon des prochaines années, les perspectives en termes de croissance restent moroses ; l’économie calédonienne pourrait traverser une période de latence et, en tout état de cause, ne retrouvera pas le régime de croissance des années 2000. En particulier, la diminution des emplois salariés observée en 2016 impactera vraisemblablement la consommation des ménages, qui est un moteur essentiel de la croissance.

Finances publiques : un environnement plus contraint
La structure des recettes publiques a évolué dans le sens d’un financement plus autonome. Les transferts en provenance de l’État (au sens large) ont en effet progressé moins vite que les recettes perçues localement, sous les effets conjugués d’une hausse du taux de prélèvement obligatoire et d’une croissance économique forte.
Face au ralentissement de la croissance des recettes publiques à partir de 2012, les collectivités ont dû faire évoluer leurs pratiques dans le sens d’une plus grande efficience. Elles ont également davantage recouru à l’emprunt pour financer leurs investissements et ainsi soutenir l’activité économique, mais les ratios d’endettement restent acceptables. Une réforme du système fiscal calédonien est par ailleurs mise en œuvre depuis le début de la décennie, qui comprend la mise en place d’une Taxe Générale sur la Consommation offrant une lisibilité accrue au système de droits et taxes calédonien.
La Nouvelle-Calédonie est de surcroît confrontée à une problématique de financement de ses comptes sociaux. Les dépenses de protection sociale ont connu une croissance très rapide au cours de la dernière décennie. Le rétablissement à l’équilibre des comptes sociaux justifiera ainsi l’adoption de mesures et de décisions appropriées par les autorités.

Le secteur bancaire calédonien continue son essor
La croissance du crédit a été particulièrement soutenue depuis 15 ans et, depuis 2008, nettement supérieure à celle de l’activité économique, matérialisant un accroissement de l’effet de levier de l’économie calédonienne sans atteindre à ce stade un niveau anormalement élevé. Le développement du crédit concerne à la fois les entreprises, les ménages et les collectivités locales.
Les banques locales présentent une position extérieure nette structurellement négative et sont particulièrement exposées sur le secteur immobilier qui représente près de la moitié de leurs encours. La place bancaire calédonienne nécessite d’être financée par le recours à des facilités des maisons-mères ou de recourir à d’autres formes de financement externe. Elle présente des niveaux de fonds propres et de rentabilité qui la positionnent favorablement par rapport aux banques métropolitaines ou polynésiennes. Jusqu’à présent, le secteur bancaire local est peu touché par le ralentissement économique et les difficultés dans le secteur nickel.

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