La lettre de l'Institut d'émission
Avril 2021

 

 La voix des Banques centrales

Quelles politiques budgétaires au-delà du soutien monétaire ?

Discours de François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France durant le séminaire de haut niveau Eurofi – Lisbonne, 16 avril 2021

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux de me joindre à vous aujourd’hui. Je voudrais adresser mes plus chaleureux remerciements à Didier Cahen et à David Wright, qui parviennent, en dépit des difficultés de l’heure, à entretenir cet esprit européen constructif auquel nous tenons tous. Comme vous le savez, la période de réserve de la BCE a déjà commencé, je ne parlerai donc pas de politique monétaire. Ce qui me donnera toutefois l’opportunité d’aborder un point central de notre Union économique encore inachevée parallèlement à la réussite de notre Union monétaire : la politique budgétaire. La politique monétaire ne peut – et n’est heureusement plus – le seul outil contracyclique disponible dans la zone euro. Il existe deux autres liens entre politique monétaire et politique budgétaire sur lesquels je souhaiterais attirer votre attention : une politique monétaire accommodante, comme celle que nous menons aujourd’hui, soutient une politique budgétaire active. Le second lien est le risque d’une interdépendance entre banques et émetteurs souverains qu’en tant que superviseurs, nous voulons absolument éviter. Permettez-moi néanmoins d’insister sur le fait que je n’ai aucune crainte à ce sujet pour le pays que je connais le mieux : depuis 2014, les banques françaises ont réduit leurs expositions vis-à-vis de la dette publique en termes absolus et l’ont fait de façon radicale par rapport à la taille de leur bilan.

J’évoquerai en premier lieu les leçons « budgétaires » que nous pouvons tirer de la crise Covid pour l’Europe (I). Je me placerai ensuite au niveau national en évoquant la situation française pour illustrer ces principes (II).

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 Informations économiques et financières

Taux bancaires et cours des devises

Des entreprises ultramarines plutôt résilientes face à la crise, en dépit d’un diagnostic 2020 alarmant pour les activités touristiques.

Interrogés au début de l’année 2021, les chefs d’entreprise ultramarins déclarent une baisse de 5 % de leur chiffre d’affaires pour 2020, le secteur du tourisme étant de loin le plus touché par la crise sanitaire (avec un recul attendu de -45 %). Dans le prolongement des orientations favorables observées au dernier trimestre 2020, un rebond de l’activité est attendu pour 2021, mais il ne permettra sans doute pas de rattraper la baisse observée en 2020.

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La crise COVID en Outre-mer : Des « faiblesses structurelles » qui ont amorti le choc conjoncturel en 2020. Un rebond d’ampleur incertaine pour 2021

À l’occasion de la conférence de presse annuelle donnée au siège parisien des Instituts d’Émission, Marie-Anne Poussin-Delmas, Président Directeur général et Stéphane Foucault, Directeur, ont présenté un bilan de la situation économique et monétaire en outre-mer. Passé le choc économique du 1er confinement, les économies ultramarines ont montré une résilience plus forte qu’attendue. Celle-ci est d’abord due à l’ampleur du dispositif d’accompagnement mis en place par l’Etat, les collectivités, les banques et, dans le Pacifique, l’IEOM. Paradoxalement, cette résilience trouve en partie son origine dans les faiblesses structurelles des Outre-Mer qui ont amorti le choc conjoncturel.

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Une reprise asynchrone et inégale selon les pays pourrait compromettre la stabilité financière

Tobias Adrian

Après une année 2020 tumultueuse, l’économie mondiale émerge enfin des pires stades de la pandémie de COVID-19, mais avec des perspectives qui divergent fortement selon les régions et les pays, et au prix d’une « année perdue » passée en coma artificiel. Le traumatisme économique aurait été bien plus grave si l’économie mondiale n’avait pu compter sur les mesures inédites prises par les banques centrales et sur le soutien budgétaire déployé par les États. Les marchés mondiaux observent la hausse actuelle des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis, craignant qu’une augmentation rapide et persistante se traduise par un resserrement des conditions financières qui pourrait nuire aux perspectives de croissance

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 Actualités de l’Institut et suivi de place

Publication de la synthèse économique de la Nouvelle-Calédonie pour l’année 2020

La note révèle qu’en 2020, la Nouvelle Calédonie a fait face à un enchaînement de crises multiples. Ce contexte particulièrement intense et extraordinaire sur les plans sanitaire, social, institutionnel et politique a affaibli une économie déjà fragile.

Les dispositifs de confinement interne et externe et l’arsenal de mesures de sauvegarde et de soutien à l’économie ont toutefois permis d’atténuer les impacts négatifs de la crise sanitaire en préservant la trésorerie des entreprises et la capacité de consommation des ménages et en limitant les destructions d’emplois.

Sur un fil d’équilibre, les enjeux pour 2021 sont encore nombreux pour l’économie calédonienne. Les problématiques économiques, financières et politiques restent prégnantes. La stabilité sociale et la confiance des agents économiques doit être renforcée afin que l’économie puisse enclencher une reprise vertueuse et pérenne.

Lire la publication sur le site ieom.fr : L’économie de la Nouvelle-Calédonie en 2020
https://www.ieom.fr/nouvelle-caledonie/publications/publications-economiques-et-financieres/conjoncture-economique/panoramas-et-notes-de-synthese-annuelles/article/l-economie-de-la-nouvelle-caledonie-en-2020

 Actualités économiques locales

L’engorgement du fret maritime mondial engendre une hausse des prix du fret

Le coût du fret augmente fortement en raison d’une reprise sur le trafic maritime mondial, qui engendre un manque de place dans les containers, des bateaux surchargés, des ports congestionnés. Cette hausse des prix du fret va avoir un effet inflationniste. Une loi pourrait être présentée au Congrès, afin d’accorder des subventions sur le fret des matières premières.

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/le-fret-maritime-mondial-engorge-une-hausse-des-prix-est-attendue-en-nouvelle-caledonie-989194.html

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La Chambre territoriale des comptes (CTC) examine la gestion de la SOFINOR (Société de financement et d’investissement de la province Nord)

Selon la CTC, la gestion de la SOFINOR présente certaines limites dans différents domaines (gouvernance, stratégie, gestion de la ressource, situation financière…). Ci-après, quelques-uns des principaux points soulevés par la CTC dans son rapport :
Stratégie et gouvernance :
• Absence de formalisation et de suivi de la stratégie industrielle
• La province Nord participe à plus de 85 % (limite autorisée par la loi) au capital de la SOFINOR par son intervention directe et indirecte via les 4 SEM actionnaires de la SOFINOR
• Incompatibilité entre le mandat d’élu provincial et les fonctions de membre du conseil d’administration d’une société privée selon les dispositions de l’article 196 de la loi organique n°99-209 du 19 mars 1999
• Une concentration des pouvoirs du PDG qui peut poser des problèmes de conflits d’intérêts
• Les décisions stratégiques sont prises au niveau de la SMSP (société-fille) et non pas au niveau de la SOFINOR (société-mère)
• Les apports financiers, de savoir-faire, et de maintenance confèrent une position de décideur aux financeurs (Glencore et POSCO)
Risques et résultats :
• Les mines de la NMC sont vieillissantes (ressources minières limitées en quantité et en qualité) et son niveau d’endettement est préoccupant
• Les investissements de Cotransmine sont pris en charge par la SMSP et bénéficient à la NMC, elle-même codétenue avec POSCO
• Les retombées de l’usine du Nord sont importantes mais les couts de production sont élevés, en raison notamment de la succession des avaries techniques, l’empêchant de produire à pleine capacité
• A décembre 2018, la SOFINOR était endettée de à hauteur de 1 252 milliards XPF soit 120 % du PIB calédonien. Cet endettement était à 93,85 % vis-à-vis de KNS)
• Le financeur de l’usine du Nord (Glencore, actionnaire minoritaire) absorbera les retours financiers lorsque l’usine sera en capacité de dégager des flux de trésorerie

https://www.ccomptes.fr/fr/publications/societe-de-financement-et-dinvestissement-de-la-province-nord-sofinor
https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-nord/la-chambre-des-comptes-etrille-la-gouvernance-de-la-sofinor-990274.html
https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/mines/nickel/la-cour-des-comptes-etrille-la-strategie-du-nord

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Aircalin a besoin d’une aide publique

Le directeur général d‘Aircalin a indiqué que la compagnie aura besoin d’une aide publique en attendant une reprise du trafic aérien de passager sans contrainte. Aircalin a déjà bénéficié fin 2020 d’un prêt garanti par l’Etat de 4,8 milliards XPF qui représente le quart de son chiffre d’affaires de 2019, mais a toujours des besoins de liquidité entre quatre et cinq mois de chiffre d’affaires de 2019, soit environ 7 milliards XPF selon le directeur général. En parallèle, la compagnie a également lancé un plan d’économies qui est passé par une réduction de sa flotte et le report de la livraison d’un deuxième A320neo à fin 2023, ainsi qu’un plan de départ volontaires qui a concerné 100 de ses 500 employés et enfin une réduction des salaires des personnels restants.

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvelle-caledonie-aircalin-aura-besoin-d-aide-pour-surmonter-la-pandemie-estime-son-directeur-general-988879.html

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Légère baisse des prix du nickel suite à l’annonce de la levée du moratoire de 2012 interdisant tout projet minier aux Philippines.

Le cours du nickel a légèrement baissé après que les Philippines aient levé leur moratoire de 2012 interdisant tout projet minier aux Philippines. Cependant l’inquiétude des marchés est vite retombée, car le moratoire de 2017 interdisant la construction de nouvelles mines à ciel ouvert reste en vigueur, or les mines aux Philippines sont toutes à ciel ouvert. Par ailleurs, les stocks de minerai de nickel dans les ports chinois ont augmenté de 135 000 tonnes pour atteindre 5,62 millions contribuant également à cette baisse des prix. Dans le même temps, le géant russe Nornickel a indiqué une baisse de sa production en 2021, qui a déjà chuté de 10% par rapport au trimestre précédent à 47 000 tonnes, en raison des inondations survenues dans les grandes mines Oktyabrsky et Bystrinsky dont l’activité devraient reprendre fin avril et début juin.

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/nickel-pourquoi-les-projets-miniers-aux-philippines-ne-mettront-pas-la-pression-sur-la-nouvelle-caledonie-988816.html

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/le-nickel-a-la-traine-les-philippines-cristallisent-l-attention-des-investisseurs-985738.html

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Vale a gardé une option d’achat sur une part de la production de l’Usine du Sud.

L’accord du 31 mars comprend un montage financier de 1,1 milliard de dollars US, dont Vale apportera 555 millions de dollars US qui seront ensuite transférés au profit du consortium Prony Resources. Vale conservera une option prioritaire d’achat pouvant aller jusqu’à 30 % du nickel intermédiaire de qualité batterie (NHC-MHP) produit par l’Usine du Sud.

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/pourquoi-vale-garde-une-option-forte-sur-le-nickel-de-l-usine-du-sud-973759.html

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Retour à la normale de l’Usine de Doniambo après une grève de 3 jours

Un protocole d’accord a été signé le 21 avril, mettant ainsi fin à une grève ayant eu lieu du 19 au 21 avril pour protester contre des problèmes de management et des suppressions de postes. Le syndicat général des travailleurs des industries (SGTINC) a finalement obtenu le maintien d’une cinquantaine de postes pour l’exploitation et la maintenance de l’usine, de nouveaux recrutements, le remplacement des départs à la retraite, et la mise en place de formations diplômantes en interne.

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/noumea/le-mouvement-de-greve-leve-a-l-usine-sln-989356.html

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/noumea/le-mouvement-de-greve-leve-a-l-usine-sln-989356.html

 Actualités économiques régionales

Australie : le marché de l’emploi résiste à la crise sanitaire

Sur la période du 30 mars 2020 au 28 mars 2021, le gouvernement australien a proposé un plan d’aide « JobKeeper Payment » de 90 milliards de dollars AUD (environ 7 000 milliards XPF), permettant aux entreprises les plus impactées par la Covid-19 de bénéficier d’une subvention et ainsi de payer leurs employés. Grace à ce plan, à la fin du premier trimestre 2021, 13.077.600 Australiens ont un emploi, soit +0,6 % sur un an (+74.300 personnes). En parallèle, le taux de chômage s’élève à 5,6 %, soit seulement 0,4 point de plus par rapport à mars 2020.

https://www.abs.gov.au/statistics/labour/employment-and-unemployment/labour-force-australia/mar-2021
https://nsw.liberal.org.au/Shared-Content/News/2021/ABS-Labour-Force-figures-for-March-2021
https://www.abc.net.au/news/2021-03-29/jobkeeper-ends-what-now-for-australian-businesses/100031668

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Rebond de la croissance chinoise au 1er trimestre

Le redémarrage économique de la Chine se confirme et même s’accélère. La croissance économique, soutenue par un regain de la demande intérieure et étrangère, atteint un niveau record (+18,3 %, en glissement annuel) au premier trimestre 2021. Ce rebond est en grande partie « mécanique » du fait de la contraction du PIB de 6,8 % à la même période l’année dernière (suite à la paralysie de l’activité liée à la crise sanitaire). Alors que la Chine a été un des rares pays à enregistrer une croissance positive en 2020 (+2,3 %), elle vise désormais un objectif de croissance d’au moins 6 % pour l’année 2021.

https://www.lemonde.fr/international/article/2021/04/16/la-chine-enregistre-une-croissance-record-au-premier-trimestre-2021_6076979_3210.html
https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20210416-une-croissance-record-en-chine-m%C3%AAme-si-la-relance-perd-de-son-%C3%A9lan

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Ouverture d’une bulle de voyage entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande

Alors que les frontières étaient fermées depuis près de 400 jours, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont décidé de rouvrir les liaisons entre leurs deux pays . L’officialisation de cette bulle, qui a notamment pour objectif de relancer l’activité touristique, permet la libre circulation des voyageurs qui n’auront pas à effectuer de quarantaine à leur arrivée. Pour rappel, avant la pandémie, les touristes australiens représentaient plus d’1/3 (1,5 millions de personnes) du total des touristes étrangers en Nouvelle-Zélande. Le maintien de cette bulle reste toutefois soumis à l’évolution du nombre de cas dans les deux pays. Les liaisons avec certains Etats d’Australie ont été perturbées suite à une recrudescence de cas (à Perth notamment). En outre, l’Australie étudie actuellement la possibilité de créer d’autres bulles avec certains pays asiatiques (Singapour, Corée du Sud, Japon ou encore Taiwan).

https://www.lnc.nc/article/pacifique/nouvelle-zelande/australie/transports/ouverture-de-la-bulle-entre-l-australie-et-la-nouvelle-zelande-le-bonheur-apres-400-jours-d-attente

https://www.straitstimes.com/asia/australianz/fresh-covid-case-puts-new-zealand-australia-travel-bubble-at-risk