Symposium économique de Jackson Hole, 27 août 2022
Discours de François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France
La science a bien joué son rôle avant et pendant la pandémie
L’opinion selon laquelle la politique monétaire est une science était peut-être dominante pendant la Grande modération. Mais qu’en est-il de la grande crise financière, de la pandémie et de la guerre déclenchée par la Russie ? Si, comme le disait Olivier Blanchard en 2006, « il faut que la politique monétaire soit plus proche d’un art si elle est fréquemment confrontée à des événements imprévus, mal anticipés et mal compris », les chocs économiques des 15 dernières années ont certainement fait pencher la balance du côté de l’art.
En réalité, je dirais que, même à cette époque, la science nous a été très utile. Permettez-moi de citer Olivier Garnier, chef économiste de la Banque de France. Je pense que nous, banquiers centraux, pouvons être fiers des accomplissements conjoints de l’action monétaire et de la recherche dans la gestion de la crise financière mondiale et de ses conséquences : reconnaître les erreurs communes dans les prévisions du niveau actuel de l’inflation ne signifie pas devenir autocritique sur les politiques menées. Dans la zone euro, grâce à nos outils « néo-conventionnels », on estime qu’en 2019, l’inflation et la croissance du PIB ont été plus élevées d’environ 75 et 110 points de base respectivement que ce que nous aurions obtenu dans le scénario contrefactuel.