Page 77 - Rapport annuel économique 2022 - Polynésie française
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LES RECOMMANDATIONS DE LA CHAMBRE TERRITORIALE DES COMPTES
En novembre 2021, la Chambre territoriale des comptes (CTC) a rendu public son rapport relatif à la politique de la perliculture sur la période 2015-2020. Elle y dénonce le travail dissimulé, qui concernerait plus de la moitié des travailleurs, les maigres résultats de la réforme de 2017, qui n’a pas réussi à améliorer la qualité des perles produites, la gouvernance du secteur, ainsi que la considération tardive de l’impact écologique de la perliculture.
Selon la CTC, les principaux handicaps de la filière sont l’insuffisante diversification des débouchés externes, la Polynésie française dépendant toujours à 90 % de ses deux clients historiques, le Japon et Hong Kong, une orientation stratégique mal définie et un professionnalisme encore trop limité des exploitants.
Elle a donc formulé sept recommandations, parmi lesquelles la lutte contre le travail dissimulé et la fixation d’objectifs quantitatifs de réduction des pollutions en contrepartie des subventions accordées aux associations de perliculteurs.
Après concertation avec les différents acteurs de la filière, le gouvernement a présenté fin 2021 au Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC), un projet de texte portant modification de la loi de 2017. Il visait un meilleur encadrement des producteurs, en leur attribuant des quotas de production individuels tout en durcissant les conditions d’octroi de leurs cartes professionnelles, avec en ligne de mire une valorisation optimale des lagons, respectueuse de l’équilibre de leurs écosystèmes. Le CESEC a rendu un avis favorable, assorti cependant de recommandations, parmi lesquelles :
1. Lierlerenouvellementdesconcessionsetdescartesdeproducteuraunettoyagedes lagons, constaté par les services de contrôle, avec application de sanctions en cas de manquements ;
2. Instaurerunquotadeproductionparlagonpouréviterlasaturation;
3. Réserverl’appellation«perledeculturedeTahiti»auxproduitshautdegamme.
Suite à la réunion du Conseil de la Perliculture de juin 2022, des décisions ont été prises concernant la gestion des concessions maritimes, notamment la fixation d’un minimum d’activité (nombre d’employés et production) pour l’attribution des surfaces octroyées aux fermes perlicoles et la possibilité d’annulation des cartes de producteurs en cas d’absence de déclaration de greffe ou de production pendant un certain nombre d’années.
Pour une perliculture durable
Après quatre décennies d’exploitation perlière, les risques écologiques ont davantage été pris en considération.
Différents programmes ont permis d’évaluer la quantité de déchets perlicoles (RESCCUE1, 2014-2018) et la contamination en microplastiques des lagons (Microlag2, 2017-2020). Ce dernier a révélé que les lagons les plus pollués recèleraient jusqu’à 3 000 tonnes de couches sédimentaires de particules nocives. Suite à ces études, une campagne de dépollution de déchets perlicoles terrestres a été menée aux îles Sous-le-Vent et aux Tuamotu-Gambier3 entre novembre
1 Le programme RESCCUE (Restauration des services écosystémiques et adaptation au changement climatique), qui couvre la période 2014-2018, a pour but de favoriser la résilience des îles du Pacifique face aux changements. Il est soutenu par la Communauté du Pacifique Sud (maîtrise d’ouvrage) et l’AFD qui apporte une contribution à son financement.
2 Programme de recherche mené par l’IFREMER dans les lagons des Tuamotu-Gambier.
3 Apataki, Arutua, Ahe, Manihi, Takaroa, Takapoto, Aratika, Kaukura, Fakarava, Raiatea, Tahaa et Mangareva.
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