La lettre de l'Institut d'émission
Juillet 2022

 

 La voix des Banques centrales

La monnaie numérique de banque centrale (MNBC) et l’intermédiation bancaire à l’ère numérique

Paris Europlace Forum financier international 2022 – 12 juillet 2022
Discours de François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France

Mesdames, Messieurs,

C’est un grand plaisir d’être parmi vous aujourd’hui, grâce à Paris Europlace. Compte tenu du contexte géopolitique actuel, le thème de cette session apparaît particulièrement pertinent. L’autonomie stratégique européenne n’est pas absente de notre vision en tant que banques centrales. Nous nous assurons notamment que notre système bancaire reste robuste en période de grande incertitude – à savoir la guerre en Ukraine, et ses conséquences économiques : la poussée d’inflation, la détérioration des perspectives macroéconomiques et la normalisation des taux d’intérêt. Dans ce contexte, permettez-moi de saluer la solidité et les performances du système bancaire français : le ratio CET1 des banques françaises s’établit à 14,9 % au premier trimestre 2022, tandis que leur RoE a augmenté sur 12 mois glissants, ressortant à 7,6 % au premier trimestre 2022, tandis que le risque d’entreprise reste certainement gérable. Cette force collective ne doit cependant pas céder à un excès d’optimisme, d’autant plus que nous assistons à une triple révolution numérique dans le secteur financier [i] ; les nouveaux actifs tokenisés, les nouveaux acteurs et les nouvelles infrastructures de marché « décentralisées » visent à remodeler intégralement le système financier.

Dans ce contexte, les banques centrales envisagent de plus en plus la création d’une forme numérique de leurs monnaies. Et il faut l’admettre, l’idée soulève parfois des doutes, voire même des craintes, de la part des banques commerciales. La partie du projet qui est quasi-consensuelle, avec des cas d’usages solides, est aussi celle qui suscite peu d’intérêt public (ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas fondamentale) : il s’agit de la MNBC de gros, sur laquelle je reviendrai. Mais permettez-moi de commencer par l’autre face de la « montagne » MNBC : la MNBC de détail, sur laquelle se concentre au contraire à la fois l’enthousiasme public et les questionnements du secteur privé.

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 Informations économiques et financières

Taux bancaires et cours des devises

Comment l’arrêt des livraisons de gaz naturel russe pourrait peser sur les économies européennes

Mark Flanagan, Alfred Kammer, Andrea Pescatori et Martin Stuermer - le 19 juillet 2022

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a encore assombri les perspectives de la croissance mondiale, l’économie européenne étant exposée à de graves revers en raison de ses liens commerciaux, financiers et d’investissement avec les pays en guerre. L’Europe subit à présent une interruption partielle des exportations de gaz naturel de la Russie, son principal fournisseur d’énergie.

La perspective sans précédent d’une coupure totale alimente les inquiétudes concernant une éventuelle pénurie de gaz, une hausse encore plus forte des prix et ce que cela entraînerait sur le plan économique. Bien que les responsables politiques agissent avec célérité, ils ne disposent d’aucun modèle pour gérer et atténuer le choc.

Trois nouveaux documents de travail du FMI examinent ces importantes questions. Ils analysent la manière dont la fragmentation des marchés et l’effet retardé de la transmission des prix pourraient aggraver le retentissement sur l’économie, le rôle que pourrait jouer le marché mondial du gaz naturel liquéfié pour en modérer les répercussions, et les conséquences que ces facteurs pourraient entraîner en Allemagne, la plus grande économie d’Europe.

Nos travaux montrent que dans certains des pays les plus touchés d’Europe centrale et orientale (Hongrie, République slovaque, République tchèque), il est possible que le risque de pénurie atteigne 40 % de la consommation de gaz, la chute concomitante du produit intérieur brut pouvant atteindre jusqu’à 6 %. Il serait toutefois possible d’atténuer ces répercussions en veillant à se procurer d’autres sources d’approvisionnement et d’énergie, en desserrant les goulets d’étranglement des infrastructures, en encourageant les économies d’énergie tout en protégeant les ménages vulnérables et en élargissant les accords de solidarité afin de mutualiser l’offre de gaz entre les pays.

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 Actualités de l’Institut et suivi de place

Activité bancaire et monétaire

La masse monétaire reste stable en mai par rapport au mois précédent. En effet, les dépôts à vue et les comptes sur livrets restent proches de leur niveau d’avril (-0,5 % et +0,0 % respectivement). On observe également une augmentation de la circulation fiduciaire de 4,4 %. Sur un an, la masse monétaire croît de 6,3 %, conséquence de la hausse des dépôts à vue (+8,7 %) et des comptes sur livrets (+7,3 %).

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 Actualités économiques locales

Extension de la 4G dans les îles

Le Pays a octroyé une subvention à l’entreprise ONATI de 249 millions de francs qui entre dans le cadre du développement de son écosystème numérique. Elle permettra d’améliorer la couverture numérique des zones peu denses de Polynésie française de sorte à répondre aux besoins des populations locales, des entreprises et des touristes. ONATI va donc déployer un réseau 4G sur 46 sites (Marquises, Tuamotu et des Australes) en l’espace de trois ans.

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Mise en service du SWAC du Centre hospitalier de Taaone

Décidé en 2012, le Swac (système de climatisation à l’eau de mer ou Sea Water Air Conditioning) du centre hospitalier de Taaone a été mis en marche début juillet 2022. Ce système représente une innovation technologique qui s’inscrit dans une logique de développement durable. D’un coût total de 3,7 Milliards de F CFP, l’investissement devrait permettre à l’hôpital de réaliser une économie annuelle de 350 millions de francs sur sa facture d’électricité (elle oscillait jusque-là entre 800 et 900 millions de francs) et de plus de 10 Gwh/an, soit 2 % de l’électricité de l’île de Tahiti.

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État de calamité naturelle déclaré

Suite à l’épisode de forte houle survenu en Polynésie française, de nombreuses infrastructures ont été détériorées (routes, maisons, pensions, pontons etc.) notamment à Tahiti et dans certaines îles des Tuamotu. Les zones les plus touchées vont être classées en état de calamité naturelle, permettant ainsi au Pays de déployer des crédits au titre des dépenses imprévues pour aider à la reconstruction et dédommager les habitants de ces zones. Pour le moment, l’heure est au recensement et à l’estimation du coût des dégâts.

 Actualités économiques régionales

Accord commercial entre l’Union Européenne et la Nouvelle-Zélande

Le 1er juillet, l’Union Européenne et la Nouvelle-Zélande ont conclu un accord qui pourrait contribuer à augmenter leurs échanges commerciaux de 30 %. Il comprend notamment la réduction des droits de douane (-140 millions d’euros pour les entreprises de l’Union européenne environ), l’obligation du respect de l’Accord de Paris sur le climat ainsi que des droits fondamentaux des travailleurs, sous peine de sanctions commerciales en dernier recours.

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Projet de taxation des émissions de gaz à effet de serre (GES) en Nouvelle-Zélande

Comme la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre de Nouvelle-Zélande proviennent de l’agriculture, principalement du méthane, le gouvernement a élaboré un projet de taxation des émissions de GES des ovins et des bovins. S’il se concrétise, la Nouvelle-Zélande sera la première nation à faire payer aux agriculteurs les émissions de méthane provenant des animaux qu’ils élèvent.

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Les défauts de paiements des promoteurs immobiliers continuent en Chine

Un promoteur immobilier chinois de premier plan, Shimao, s’est retrouvé en défaut de paiement début juillet, incapable de rembourser un emprunt d’un milliard de dollars US. Il s’agit du plus important défaut de paiement du secteur cette année.

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Forum des îles du Pacifique (FIP)

Réunissant les états et territoires du Pacifique, le Forum s’est déroulé à Suva, la capitale de la République des îles Fidji, sur fonds de tensions politiques dans la région entre la Chine et les États-Unis. L’urgence climatique était au centre de cette édition 2022, les états insulaires étant pour une grande partie menacés par la montée des eaux. Suite au sommet, les dirigeants du Pacifique ont interpellé la Cour de La Haye afin qu’elle clarifie l’obligation des États « de protéger les droits des générations actuelles et futures contre les effets néfastes du changement climatique ».