La lettre de l'Institut d'émission
Janvier 2022

 

 La voix des Banques centrales

Une montée en température : inflation, changement climatique et transformation numérique

Forum économique mondial – 19 janvier 2022

Discours de François Villeroy de Galhau,- Gouverneur de la Banque de France

Mesdames, Messieurs,

C’est pour moi un grand plaisir d’avoir l’occasion de prononcer quelques remarques lors de cette session virtuelle du Forum économique mondial aujourd’hui. Comme vous l’attendiez peut-être de la part d’un gouverneur de banque centrale, mes remarques porteront tout d’abord sur l’inflation, avec une comparaison des situations en Europe, aux États-Unis et au Japon. J’aborderai ensuite brièvement les deux grandes transformations, écologique et numérique, actuellement à l’oeuvre, qui vont façonner notre avenir. D’ailleurs, l’inflation et le changement climatique partagent une caractéristique commune : une montée en température... qui pourrait être le sous-titre de mon discours introductif.

I. L’inflation en Europe, aux États-Unis et au Japon
Le fort rebond observé en 2021 est évidemment une excellente nouvelle pour nos économies qui ont souffert à une échelle qui n’avait jamais été connue jusqu’à présent par les générations actuelles. Ces derniers mois, l’inflation s’est accélérée, principalement en raison des tensions sur l’énergie et des pénuries de matières premières et de biens intermédiaires. Son ampleur varie d’un pays à l’autre : en décembre, l’inflation s’élevait à 7,0 % aux États-Unis, un niveau supérieur au taux de 5,0 % enregistré dans la zone euro, et en net contraste avec celui de 0,6 % observé au Japon en novembre.

Cette tendance transatlantique commune appelle une même vigilance de la part des banques centrales, et un changement par rapport à la politique monétaire très accommodante menée à juste titre – et avec succès – en 2020 pour faire face à la crise Covid. Cela étant, je voudrais souligner quelques différences intercontinentales.

L’économie américaine a connu une reprise plus rapide et plus forte que celle de la zone euro, notamment grâce à une relance budgétaire massive après la crise Covid. En décembre, l’inflation sous-jacente, qui exclut l’alimentation et l’énergie, était de 5,5 % aux États-Unis et de 2,6 % en Europe, indiquant que la flambée des prix de l’énergie en 2021 n’est pas l’unique explication à cette récente hausse de l’inflation globale. Le marché du travail est également beaucoup plus tendu aux États-Unis : le taux d’activité demeure inférieur à son niveau d’avant la crise, et le chômage a fortement diminué, s’établissant à 4,2 % en novembre 2021, contre 7,2 % dans la zone euro. Ces différences expliquent le retrait plus rapide de l’orientation accommodante de la politique monétaire aux États-Unis, où la Fed envisage apparemment trois changements significatifs d’affilée : l’arrêt progressif de ses achats d’actifs (tapering), le relèvement des taux d’intérêt et la réduction de la taille de son bilan.

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 Informations économiques et financières

Taux bancaires et cours des devises

Création d’un fonds pour aider les pays à renforcer la résilience et la viabilité

Par Ceyla Pazarbasioglu et Uma Ramakrishnan - le 20 janvier 2022

Un fonds de 50 milliards de dollars est proposé pour aider les pays à revenu faible et les pays à revenu intermédiaire vulnérables à être plus résilients en cas de chocs de la balance des paiements et à obtenir une reprise plus pérenne.
Alors que le combat contre la COVID 19 se poursuit, il ne faut surtout pas négliger le défi à plus long terme consistant à transformer les économies pour les rendre plus résilientes aux chocs et créer une croissance durable et inclusive. La pandémie nous a appris que ne pas s’attaquer à temps à ces défis à moyen terme peut avoir des conséquences économiques considérables, y compris déséquilibrer la balance des paiements. Le changement climatique est un des autres défis à long terme qui menace la stabilité macroéconomique et la croissance dans de nombreux pays, en provoquant des catastrophes naturelles et en perturbant l’activité des branches de production, les marchés du travail et les flux commerciaux, entre autres effets néfastes.

Ces enjeux de politique publique sont mondiaux et il incombe conjointement aux pays et à la communauté internationale de vite prendre des mesures. Dans un article précédent, nous avions expliqué que le FMI envisageait différentes options pour transférer les 650 milliards de DTS émis en août 2021 des pays ayant une position financière extérieure solide vers les pays vulnérables, en créant à cet effet un fonds pour la résilience et la durabilité . L’objectif premier de ce fonds est de proposer des financements à long terme abordables pour soutenir les pays quand ils s’attaquent à des défis structurels.

Nous continuons de travailler à l’élaboration du fonds pour la résilience et la durabilité et, en réfléchissant à ses principales caractéristiques, que nous détaillons plus loin, il nous apparaît nécessaire de tenir compte à la fois des besoins des contributeurs potentiels et de ceux des pays emprunteurs. Avec le soutien d’un grand nombre de pays membres du FMI et de partenaires internationaux, nous espérons que ce fonds pourra obtenir l’approbation du conseil d’administration du FMI avant les prochaines réunions de printemps et sera pleinement opérationnel d’ici la fin de l’année.

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 Actualités de l’Institut et suivi de place

Activité bancaire et monétaire

La masse monétaire baisse très légèrement de 0,4 % en novembre par rapport au mois précédent au cours duquel celle-ci a été affectée par le versement d’un gain de l’Euromillion à un résident polynésien. Le montant des dépôts à vue retrouve quasiment son niveau de septembre, d’où l’importante variation mensuelle (-7,2 %) qui s’explique notamment des placements élevés sur des comptes sur livrets (+16,9 %).

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 Actualités économiques locales

Retour des paquebots étrangers en Polynésie française

Pendant la crise sanitaire, seuls trois paquebots basés localement, l’Aranui, le Paul Gauguin et le Star Breeze, effectuaient des croisières dans les archipels de la Polynésie française. Le nombre de croisiéristes a donc fortement baissé passant de 45 000 en 2019 à 10 000 en 2021.

Premier paquebot étranger, après une période creuse de deux ans, le Viking Orion est arrivé le 17 janvier. Il devrait être suivi de deux autres navires les 25 et 25 janvier. L’accueil des croisiéristes est effectué selon un protocole sanitaire renforcé.

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Transport aérien

Air Tahiti, principale compagnie aérienne domestique, pourrait voir la concurrence arriver en 2022. Quelques compagnies aériennes s’intéressent en effet au marché intérieur depuis l’instauration en 2021 d’une péréquation des tarifs de l’aérien interinsulaire et la réorganisation des 46 dessertes en 12 lignes en “libre concurrence” ainsi que 34 lignes sur appels d’offres “à désenclaver”.

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Augmentation de la taxe sur la plus-value immobilière

Le 1er janvier 2022 signe le début du changement pour la taxe sur la plus-value immobilière. Pour tenter d’enrayer une hausse générale du prix de l’immobilier, le gouvernement a décidé de faire passer cette dernière de 20 à 50 % pour les biens vendus dans les 5 ans après leur achat. Cette mesure vise à limiter la spéculation sur les biens immobiliers. Selon le ministre des finances, de l’économie et du tourisme, cette loi va faire l’objet d’aménagements afin de prévoir des exemptions en cas de situations particulières telles que les accidents de la vie.

 Actualités économiques régionales

L’Australie et la crise du secteur alimentaire

L’arrivée du variant Omicron en Australie a un impact sur l’embauche dans les secteurs liés à l’alimentation et sa distribution. Les supermarchés, entreprises agroalimentaires, ports maritimes et transports commerciaux subissent une pénurie de main d’œuvre du fait des différentes conditions d’isolement requises pour limiter la diffusion du virus, ce qui rend l’approvisionnement en denrées alimentaires compliqué pour certains produits.

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Le Japon annonce un budget annuel record

Actuellement en lecture au parlement, le budget japonais pour l’exercice annuel 2022/2023, qui a notamment pour objectif de financer une partie du plan de relance, atteint la somme record de 830 milliards d’euros.

Une des mesures phares de ce plan est la distribution d’une prime équivalente à 772 euros à tous les jeunes de 18 ans (à l’exception de ceux issus d’une famille à revenus élevés). Autre élément notable, les dépenses dédiées au secteur militaire sont supérieures à celles de l’année précédente, avec un budget atteignant 41,7 milliards d’euros.

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La BoJ maintient sa politique monétaire accommodante.

Le 17 janvier, la Banque du Japon a revu à la hausse ses prévisions d’inflation pour l’exercice fiscal qui débutera en avril prochain, les passant à +1,1 %, contre une précédente estimation de +0,9 %. Les récentes hausses des prix des matières premières vont sans doute se répercuter au-delà des produits de base selon la BoJ. Cette dernière y voit là un signe que le Japon sort durablement de la déflation.

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