L’indicateur du climat des affaires (ICA), mesuré par l’IEOM, s’effondre en 2024 dans un contexte de crise majeure du secteur du nickel, suivie d’émeutes insurrectionnelles inédites ayant affecté le territoire à partir du 13 mai. Il passe ainsi sous le précédent plus bas enregistré lors de la crise sanitaire de 2020. Malgré un léger rebond aux 3e et 4e trimestres 2024, l’ICA ne parvient pas à retrouver ce précédent plancher. De nombreux indicateurs traduisent ce choc d’une ampleur sans précédent pour l’économie calédonienne. L’emploi privé s’est contracté d’environ 20 % depuis le plus haut du 3e trimestre 2023 (près de 13 000 emplois auraient ainsi été détruits selon l’ISEE). La consommation des ménages, résiliente ces dernières années, s’est essoufflée : les paiements et retraits par carte bancaire se sont repliés de 8 % en 2024. L’activité bancaire a également été profondément affectée puisque la production totale de crédits (hors découverts) a chuté de 49 % en 2024, alors même que les taux directeurs étaient orientés à la baisse.
Les situations sectorielles apparaissent également très dégradées. Le secteur du nickel affrontait déjà une crise majeure en début d’année : dans un contexte de cours mal orientés sur les marchés internationaux, les actionnaires industriels avaient annoncé fin 2023 leur volonté de cesser le financement de leurs usines métallurgiques sur le territoire. Après l’annonce de retrait de Glencore en février 2024, l’activité productive de l’usine du Nord s’est arrêtée, dans l’attente d’un potentiel repreneur. Les émeutes ont ensuite cristallisé les difficultés du secteur. Blocages et destructions sur les sites miniers ont directement menacé l’approvisionnement en minerais des usines métallurgiques ainsi que leur survie : l’usine du sud (Prony) a interrompu son activité entre mai et novembre 2024, tandis que la SLN a tourné au ralenti pour préserver l’intégrité de son appareil productif. L’activité du secteur du BTP s’est effondrée en 2024, alors que les perspectives pour 2025 sont encore très pessimistes. Le secteur primaire, confronté il y a peu à une pluviométrie exceptionnelle, a dû faire face à des difficultés majeures d’écoulement de la production suite aux émeutes. Seul le secteur du tourisme a connu une modeste reprise en fin d’année avec un timide retour des croisiéristes sur le territoire, cependant bien loin des niveaux enregistrés en 2023. L’ensemble des acteurs interrogés s’accorde sur une absence de perspectives pour l’année à venir.
2025 marque le retour des discussions politiques et institutionnelles. Si l’ensemble des acteurs politiques se sont retrouvés à la table des discussions, l’absence de visibilité et d’espoir d’un accord à court terme continue de peser sur des acteurs économiques considérablement fragilisés.