DES DÉCHETS DIFFICILES À GÉRER Uneétudede 2016 sur Moorea et Tahiti a recensé 257 sites de décharges (dépôts sauvages, décharge1 communale récemment fermée, décharge privée, etc) dont 18 ont fait l’objet d’un diagnostic individuel. Suite à cette étude, deux sites exploités par la commune de Hitia’a o Te Ra ont été fermés avec obligation de remise en état. Le coût de réhabilitation de ces zones peut aller jusqu’à plusieurs dizaines de milliards de F CFP, comme c’est le cas pour les 5 décharges les plus dangereuses dont celle de Faa’a. Ce montant dépasse celui du contrat de projets 2015-2020 pour l’eau, l’assainissement et les déchets qui était de 12 milliards de F CFP (qui n’a financé aucune réhabilitation). Depuis 2008, une déchetterie est ouverte à Moorea (Temae). Seule une déchetterie (la Punaruu à Punaauia) est en cours de création aux îles du Vent et devrait être opérationnelle courant 2022. Elle doit constituer un site pilote pour la création d’un réseau de déchetteries par Fenua Ma. Celui-ci, composé de deux déchetteries, doit être complété par quatre autres unités et dix mini-déchetteries. Au coût total de mise en place, évalué à 970 millions de F CFP, il faut ajouter 344 millions annuels de F CFP de frais de fonctionnement. Toutefois, ces investissements devraient être compensés par l’arrêt de la collecte de déchets vert et encombrants en porte à porte qui représente 620 millions de F CFP par an. Les déchets d’activité de soins à risques infectieux (DASRI) posent également des difficultés, aggravées depuis l’épidémie de la Covid-19. Bien que de compétence directe du Pays, ils ne sont pas intégrés au Schéma directeur de prévention et de gestion des déchets. Deux entités, le site de traitement de Nivee pour le Centre Hospitalier de la Polynésie française et une société proposant des prestations pour les autres structures et professionnels de santé, traitent les DASRI à Tahiti et Moorea. Pour les autres îles du territoire, leur traitement est plus complexe car ils ne peuvent être rapatriés. Une étude des gisements de ces DASRI pour une meilleure captation de ce type de déchet, a donc été annoncée en 2021 par le Centre d’Hygiène et de Santé Publique (CHSP). 3.2 DANS LES AUTRES ARCHIPELS La majorité des communes des îles Sous-le-Vent effectue une collecte sélective des déchets et en envoie une partie à Tahiti2. L’île de Bora Bora dispose d’une plateforme de compostage pour le traitement des déchets végétaux et cartons, tout comme Raiatea, ainsi que d’un centre d’enfouissement technique pour les déchets non valorisables et d’une unité de broyage du verre. Dans les autres archipels, seules quelques communes des Australes (Rapa, Tubuai) et des Marquises (Nuku Hiva) ont ouvert des déchetteries aménagées avant la réorientation des déchets vers des centres d’enfouissement techniques. Mais le plus souvent, les dépôts et décharges non règlementées prédominent encore. En effet, en 2018, le code de l’environnement a été modifié pour créer des CET simplifiés. Ces derniers sont cependant complexes à mettre en place du fait de leur impact sur les milieux : début 2020 deux projets pilotes ont été établis par arrêté (sur les îles de Tatakoto et Manihi), mais n’ont pas été démarrés. 1« Recensement et classification des décharges à réhabiliter des îles de Tahiti et Moorea » par la Direction de l’environnement, en partenariat avec l’Ademe. 2 Les îles Sous-le-Vent, ainsi que certaines communes des Tuamotu (Manihi) sont régulièrement clientes de Fenua Ma, vers qui elles redirigent leurs déchets recyclables spécifiques (plastique, canettes, boîtes de conserve). Les frais occasionnés duansporttr au traitementsont à la charge de ces communes. 95