2. L’eau L’accès à l’eau et son traitement sont des enjeux importants pour la population polynésienne. Entre 2007 et 2019, la part de la population ayant accès à l’eau potable est passée de 13 % à 62 %. Néanmoins seules 10 des 48 communes de la Polynésie française disposent d’un réseau de distribution d’eau potable. L’accès à l’eau est très disparate parmi les nombreuses îles du pays, certaines étant très bien équipées pour des raisons historiques, économiques et géographiques, d’autres étant beaucoup plus mal desservies. Dans les îles hautes, les ressources en eaux superficielles et souterraines sont importantes et permettent leur exploitation via des forages ou des galeries drainantes, le captage des rivières ou des sources. Les atolls ne bénéficient que de faibles précipitations qui se traduisent par une rareté de la ressource. De ce fait, le recyclage des eaux pluviales, l’exploitation de lentilles d’eau douce à faible profondeur et le dessalement d’eau de mer sont les solutions principales pour les populations. Le Pays tente de remédier aux problématiques de gestion et de préservation de l’eau ; il a notamment lancé en mars 2016 le programme de connaissances des ressources en eau souterraine, en partenariat avec le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM). Toujours dans l’objectif commun de meilleur accès et gestion de la ressource, les communes ont dû présenter un plan prévisionnel d'équipement et de mise à niveau des services de distribution d'eau potable et d'assainissement avant le 31 décembre 2019, échéance ensuite repoussée au 31 décembre 2024. Si la gestion des travaux est de la compétence des communes, les fonds nécessaires à leur réalisation proviennent principalement de trois sources : le Pays, l’État ainsi que l’Union Européenne. 2.1 DISTRIBUTION ET POTABILITÉ DE L’EAU L’accès à l’eau courante et à l’eau potable sont deux problématiques différentes, mais liées pour le Pays. L’eau courante (qui n’est pas forcément potable) permet à la population d’effectuer des tâches quotidiennes tandis que l’accès à l’eau potable permet d’avoir une eau propre à la consommation humaine et est un enjeu de santé publique. Selon le dernier recensement de l’ISPF, il reste encore près de 10 % de logements sans eau courante en Polynésie française. Cette proportion atteint 84 % aux Tuamotu-Gambier, archipel où les spécificités du sol et la dispersion de la population font qu’il est très difficile de construire un réseau de distribution direct ; ses habitants recyclent donc principalement l’eau de pluie dans des citernes. Le Centre d’hygiène et de salubrité publique (CHSP), qui intervient pour surveiller la qualité des eaux, observe que plus d’un tiers de la population du pays ne dispose pas d’eau potable. D’après son dernier rapport, seules quelques communes de la zone urbaine de Tahiti et des îles lesplus touristiques distribuent de l’eau potable en 2020. Pour vérifier l’état de l’eau, le Syndicat1 Intercommunal Te Oropaa (SITO) a par exemple mis en place un programme d’autocontrôle sur 1En 2020, selon le Centre d’Hygiène et de Saubrité Publique l’eau distribuée à Tahiti dans les communes de Arue, Faaa,l Mahina, Papara Papeete, Pirae et Punaauia et à Bora Bora, Raiatea (Tumaraa, Uturoa) et Tahaa dans les îles Sous-le- Vent, répond aux exigences internationales de potabilité. 89