Suite à des pourparlers avec les différents acteurs de la filière, le gouvernement a élaboré un projet de texte portant modification de la loi du 18 juillet 2017. Son objectif central est d’apporter un meilleur encadrement des producteurs en leur attribuant des quotas de production individuels, tout en durcissant les conditions d’octroi de leurs cartes professionnelles, avec en ligne de mire une valorisation optimale des lagons, respectueuse de l’équilibre de leurs écosystèmes. Présenté au Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC) en novembre 2021, il a recueilli un avis favorable, assorti cependant de recommandations, telles que : - Lier le renouvellement des concessions et des cartes de producteur au nettoyage des lagons, constaté par les services de contrôle, avec application de sanctions en cas de manquement ; - Instaurer un quota de production par lagon pour éviter la saturation ; - Réserver l’appellation « perle de culture de Tahiti » aux produits haut de gamme. Pour une perliculture durable Après quatre décennies d’exploitation perlière, les risques écologiques ont davantage été pris en considération et ce depuis quelques années. La Direction des ressources marines (DRM) s’est appuyée sur le programmeRESCCUE pour à la fois quantifier le gisement des déchets1 générés par la perliculture et promouvoir leur valorisation. Un programme de recherche, Microlag (2017-2020), a été confié à l’Ifremer afin d’estimer le volume de microplastiques et de nanoplastiques dans les lagons des Tuamotu Gambier, ainsi que leur impact sur les organismes marins. À son terme, il a révélé une contamination significative dans les atolls sondés (Ahe, Manihi, Takaroa). Les lagons les plus pollués recèleraient jusqu’à 3 000 tonnes de couches sédimentaires de particules nocives. Lors du séminaire de la perliculture, qui a rassemblé en décembre 2020 l’ensemble des acteurs de la filière, la question de la santé des lagons et de la promotion d’une perliculture durable a été abordée. Si les pouvoirs publics ont tenu à assurer de leur soutien logistique pour le rapatriement des polluants, ils ont également souligné que leur extraction restait de la responsabilité des exploitants. En 2021, une campagne de dépollution a été menée aux Tuamotu Gambier et aux îles Sous-le-Vent, permettant de recueillir et d’expédier vers Tahiti un millier de mètres cubes de2 déchets. Elle doit se poursuivre en 2022, mais le coût de telles opérations est extrêmement élevé, de l’ordre de 1 million de F CFP par tonne. C’est la raison pour laquelle les initiatives de valorisation des déchets plastiques rejetés par l’activité perlicole aux fins de recyclage local sont mises en avant. Dans le cadre programme RESCCUE, le projet pilotePerlicyclab a ciblé trois sites, Mangareva, Takaroa et Takapoto, pour3 une analyse du gisement de déchets plastiques marins et une éutde defaisabité de sail transformation en produits intermédiaires ou finis. 1Le programme RESCCUE (Restauration des services écosystémiques et adaptation au changement climatique), qui couvre la période 2014-2018, a pour but de favoriser la résilience des îles du Pacifique face aux changements. Ilest soutenu par la Communauté du Pacifique Sud (maîtrise d’ouvrage) et l’AFD qui apporte une contribution à son financement. 2Apataki, Arutua, Ahe, Manihi, Takaroa, Takapoto, Aratika, Kaukura, Fakarava, Raiatea, Tahaa et Mang areva. 3Projet mené par le bureau d’études Vertigo Lab,spécialisé en évaluation d’impact environnemental des activitéshumaines et en recherche sur l’économie de l’environnement. 75