Une réforme inachevée La réforme de la perliculture de 2017, qui prévoyait une nouvelle gouvernance, fondée1 sur un conseil multipartite de la perliculture, un encadrement des activités d’importation de nuclei, de production perlière et de négociation en perles, l’instauration de quotas annuels de2 production et la fin du contrôle de qualité obligatoire des perles, n’a pas eu les résultats escomptés, d’autant plus que la pandémie de la Covid-19 est venue accentuer le marasme de la perle polynésienne. En effet, les dispositions prises dans l’urgence face à la crise (exonération de redevances d’occupation du domaine public maritime, suspension du DSPE, attribution de PGE…) ont indirectement contribué à l’effondrement du prix des perles. Alarmés par le risque d’image auprès de la clientèle internationale, les professionnels du secteur ont demandé le rétablissement du DSPE, afin de privilégier les ventes de produits de qualité. LA CHAMBRE TERRITORIALE DES COMPTES AU CHEVET DE LA PERLICULTURE En novembre 2021, la Chambre territoriale des comptes (CTC) a rendu public son rapport relatif à la politique de la perliculture sur la période 2015-2020. Elle y dénonce le travail dissimulé, qui concernerait plus de la moitié des travailleurs, les maigres résultats de la réforme de 2017, qui n’a pas réussi à améliorer la qualité des perles produites et de la gouvernance du secteur, ainsi que l’impact écologique de la perliculture, tardivement considéré. Selon la CTC, les principaux handicaps de la filière sont l’insuffisante diversification des débouchés externes, la Polynésie française dépendant toujours à 90 % de ses deux clients historiques, le Japon et Hong Kong, une orientation stratégique mal définie et un professionnalisme encore trop limité des exploitants. Elle a donc formulé sept recommandations, parmi lesquelles la lutte contre le travail dissimulé et la fixation d’objectifs quantitatifs de réduction des pollutions en contrepartie des subventions accordées aux associations de perliculteurs. 1Loi du Pays n° 2017-16 du 18 juillet 2017 réglementant les activités professionnelles liées à la production et la commercialisation des produits perliers et nacriers en Polynésie française. 2Le nucleus est une bille de nacre introduite au moment de la greffe, en complément d’un greffon, issu du manteau d’une nacre, afin de contribuer à la formation de la future perle. 74